Luego de dos meses, ni un día más, ni un día menos emprendo la ruta a la ciudad. Un bus a deshora, una terminal, otro bus, llegar. Enmascarada se ahogan las ideas. Los ojos buscan la nuca, un orificio donde el aire entre sin filtrar. Las fibras que nos separan del viento se multiplican y de él solo nos llega un recuerdo.
Una hora después es imposible no sentir ganas de arrancarse todo, la máscara, la ropa, la piel. La gente se queja, se pelea, suspira bajo el algodón, en blanco o en negro, con máscaras caseras, profesionales o de esas que a metros de la parada se revuelcan en la tierra.
En la ciudad el nerviosismo es oferta. Los gestos barrera son los padres. Las personas se acumulan, los hombres acosan, los viejos reman con bastones, las madres piden ser Ganesha.Hay niños con correa bañados en desinfectante. El espacio es escueto, los gestos barrera son inventos en carteles.
Podemos respirar, sí, podemos. Cuando la máscara se cae es el aire que entra desesperado, imparable busca abrigo en los pulmones y ellos que se abren a esa ráfaga repleta de carbono. Hay una fila atrás de la fila que hace fila para entrar en el supermercado, en las tiendas, los shoppings, las heladerías. En la calle del mercado los clientes se aprietan, no hay sitio para tomar distancia, nos tocamos, torcemos la vista, esquivamos las miradas. Los vendedores llevan los barbijos donde se nombre lo indica, en la barba.
A paso firme avanza la policía, los perros, las patrullas. Se puede pero no se puede, nadie da una explicación. En las esquinas la gente baila, fuera de las plazas valladas, de los bares cerrados nacen otras noches, encuentran consuelo los borrachos.
Podemos respirar, sí, podemos. Pero inspiramos vacío cuando las charlas son de lejos. Expiramos frustración, cuando los besos son recuerdo, las caricias un atrevimiento, el abrazo una revolución. ¿Quiénes somos sin tocarnos? Somos espectadores de nuestros deseos y ellos de lejos nos mueven la cola mientras nosotros extendemos brazos invisibles queriendo tocarlo todo.
Un día o dos, quizás tres. Abrimos la puerta y un abrazo nos envuelve, el aire apretado en el pecho nos recorre el cuerpo y recién ahí los pies se conectan al suelo. A ese suelo sucio que ofrece la ciudad. Los gestos barrera son los padres y nosotros no somos nada en soledad.
Responsables son los que prefieren sacrificar nuestros cuerpos en vez de invertir en salud. Desvalijaron nuestras necesidades, pero aún así no las queremos olvidar. Nuestra felicidad no cabe en sus presupuestos.
Y aquí estoy, de nuevo en el campo, alargando la despedida. Porque me va a llevar más tiempo del que pensaba acortarle el horizonte a mi mirada. Engrosar el cuero y aguantar, porque la vida en le urbe está llenita de aguantares y yo ya tan queriendo dejarme flotar.
Premier voyage dans la ville
Après deux mois, pas un jour de plus, pas un jour de moins, je prends le chemin de la ville. Un bus en retard, une première gare, un autre bus, une deuxième gare, on est arrivé. Masquées, nos idées coulent. Les yeux cherchent l’arrière de la tête, un trou où l’air entre sans être filtré. Les fibres qui nous séparent du vent se multiplient et de lui ne reste plus qu’un souvenir.
Une heure plus tard, il est impossible de ne pas ressentir l’envie de tout arracher, le masque, les vêtements, la chair. Les gens se plaignent, se battent, soupirent sous le coton, en noir ou blanc, avec des masques faits maison, professionnels ou ceux qui roulent sur le sol à quelques mètres de l’arrêt.
En ville, la nervosité est à l’ordre du jour. Les gestes de barrière, ce sont les parents. Les gens s’entassent, les hommes nous harcèlent, les vieux rament avec ses bâtons, les mères rêvent à être Ganesha. Il y a des enfants enchaînés baignés dans le gel hydroalcoolique. L’espace est petit, les gestes barrière sont des inventions sur des affiches.
Nous pouvons respirer, oui, nous pouvons. Lorsque le masque tombe, c’est l’air qui entre en désespoir, imparable, à la recherche d’un abri dans les poumons. Ils s’ouvrent à cette explosion remplie de carbone. Il y a une queue derrière la queue qui fait la queue pour entrer dans le supermarché, les magasins, les centres commerciaux, les glaciers. Dans la rue du marché, les clients sont serrés, il n’y a pas de place pour prendre de la distance, on se touche, on tourne les yeux, on esquive les regards. Les vendeurs portent leurs masques sur la barbe.
A un rythme soutenu, la police, les chiens et les patrouilles avancent. Vous pouvez, mais vous ne pouvez pas, personne ne donne d’explication. Dans les coins, les gens dansent, hors des places clôturées, devant les bars fermés, d’autres nuits ont lieu, les bourrés se rejoindre et trouvent sa place.
Nous pouvons respirer, oui, nous pouvons. Mais nous inspirons du vide lorsque les discussions viennent de loin. Nous expirons la frustration, quand les baisers sont un souvenir; se caresser une audace, s’embrasser une révolution. Qui sommes-nous sans nous toucher ? Nous sommes les spectateurs de nos désirs et eux, de loin, remuent la queue tandis que nous tendons des bras invisibles en voulant tout toucher.
Un jour ou deux, peut-être trois. Nous ouvrons la porte et une étreinte nous enveloppe, l’air serré dans la poitrine traverse notre corps et ce n’est que dans cet instant que nos pieds touchent au sol. A ce sol sale qu’offre la ville. Les gestes barrière sont les parents et nous ne sommes rien dans la solitude.
Les responsables sont ceux qui préfèrent sacrifier notre corps plutôt que d’investir dans la santé. Ils ont ravagent nos besoins, mais nous ne voulons toujours pas les oublier. Notre joie ne rentre pas dans leur budget.
Et me voilà de retour dans mon village, je prends le temps de dire au revoir. Plus longtemps que je ne le pensais pour raccourcir l’horizon de mes yeux. Je vais devoir le supporter, car la vie en ville est pleine d’endurance et j’ai tellement envie de me laisser flotter.
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