À chaque réveil un rêve se présente devant elle, elle essaie de leur mettre en mots, énoncer pour exister. Elle parle toute seule comme les folles, le coté gauche de son lit représente le vide, elle bouge une jambe et occupe la place à son aise, ses hanches la suivent. La solitude, c’est de perdre ses rêves, récupérer la matière du possible, que rien ne s’échappe, retourner vers cet objet sensible qui a décidé de rester jusqu’à l’aube. Lui, son compagnon nocturne, n’est plus là… Elle reconnaît son passage sur l’oreiller transpirée. C’est son odeur, un mélange d’ouvrier et de vin blanc. Il a pris des kilos, sa transpiration est plus abondante qu’avant, mais ça ne la dérange pas, dessous les draps sont aussi humides. On doit les changer, se dit-elle . Mettre le matelas en face de la fenêtre pour qu’il prenne le soleil, les draps à la machine, ouvrir la chambre et laisser partir les traces d’une nuit mouillée. La sécheresse d’antan pollue encore sa mémoire, le malheur de la maladresse, l’inconscience, l’ignorance et finalement l’égoïsme. Quarante ans se sont écoulés marqués par l’insatisfaction, dès son berceau au motel. Le sein maternelle refusé, élevé aux suppléments alimentaires, le liquide de la vie, lui était étranger. Elle, belle révolution vivante, détachée de son passé, s’offre le droit à jouir H 24 7/7. Elle ne prévient personne, sa méthodologie s’affine à chaque rencontre. Le romantisme de la jouissance partagée est mort, elle n’attend personne. C’est de la compensation historique, elle se dit. Elle embrasse au-delà de tout ordre. L’état n’a pas de pouvoir dans son lit. Ils s’embrassent de manière disproportionnée, la salive coule le long de son cou, il mouille ses seins, elle demande de se faire lécher. Il accepte, écarte sa chair pour arriver au clitoris, sa langue atterrit timide, il la touche qu’avec le bout de sa langue, elle sursaute sans exagérer, elle est encore loin d’y arriver. Il prolonge sa lichette, il bave sur son sexe, il se balade dès le prépuce au frein, elle se contourne et commence à émettre une série de gémissements continus. Le flux inonde l’ampleur des glandes, lui enfonce sa langue dans son vagin au même temps que sa main gauche approche du clitoris. Sa bouche est une machine sans cesse, elle saura le remercier, il attend. Elle élève son ventre du lit, avec la force de ses pieds elle enfonce le matelas. Lui rentre sa main dans son vagin, pas un doigt ou deux, sa main entière cherche le point. Son poing frotte ses lèvres. Il est ambitieux, elle est exigeante, ça colle bien. Il la masturbe avec violence, elle lui ordonne de continuer à la sucer, il obéit. Une main sur son sein gauche. Les gémissements se transforment en cris, elle explose sans contrôle, ses muscles se relâchent, son ventre tombe sur la flaque qui trempe le lit. Alchimiste du plaisir, elle peut transformer la rage en eau, un liquide digne d’être libéré. Elle rigole et lui recommence, la découverte de l’eau-de-vie ne mérite pas des pauses. Le souvenir de sa nuit l’accompagne, mêlée avec ses rêves, les sensations réveillent son désir et elle se masturbe incapable d’arrêter son bonheur.
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